La TEI Lite : encoder pour échanger : une introduction à la TEI
Edition finale révisée pour la TEI P5
traduction française de Sophie David

2. Un court exemple

Nous commençons par un bref exemple1 Son but est d’illustrer ce qui se passe quand un passage en prose est saisi sur ordinateur par une personne qui n’est pas au fait du balisage ou du potentiel des textes électroniques. Dans un monde idéal, un tel résultat pourrait être généré par un scanner optique très précis. Il tente de rester fidèle à l’apparence du texte imprimé, en retenant les mêmes fins de lignes que l’original, en insérant des blancs pour représenter la disposition des titres originaux et les fins de page, et ainsi de suite, et en gardant la ponctuation originelle.

Transcription naive d'un texte imprimé
Figure 1. Transcription naive d'un texte imprimé

Cette transcription présente quelques défauts :

Nous présentons maintenant le même passage, avec un encodage conforme aux Recommandations. Comme nous allons le voir, cet encodage pourrait être étendu de bien des façons, mais la TEI nous permet, au minimum, de représenter les distinctions suivantes :

<pb n="239"/>
<div n="XXXVIIItype="chapitre">
 <head rend="petitMajuscules">conclusion.</head>
 <p>J’ai enfin épousé M. Rochester. Notre mariage se fit sans bruit; lui, moi, le
   ministre et le clerc, étions seuls présents. Quand nous revînmes de l’église, j’entrai
   dans la cuisine, où Marie préparait le dîner, tandis que John nettoyait les couteaux. </p>
 <p> «<q>Marie</q>, dis-je, <q>j’ai été mariée ce matin à M. Rochester.</q> » </p>
 <p>La femme de charge et son mari appartenaient à cette classe de gens discrets et
   réservés auxquels on peut toujours communiquer une nouvelle importante sans crainte
   d’avoir les oreilles percées par des exclamations aiguës, ni d’avoir à supporter un
   torrent de surprises. Marie leva les yeux et me regarda. Pendant quelques minutes elle
   tint suspendue en l’air la cuiller dont elle se servait pour arroser deux poulets qui
   cuisaient devant le feu, et John cessa de polir ses couteaux. Enfin Marie, se penchant
   vers son rôti, me dit simplement : </p>
 <p>« <q>En vérité, mademoiselle ? Eh bien, tant mieux, certainement.</q> » </p>
 <p>Au bout de quelque temps elle ajouta : « <q>Je vous ai bien vue sortir avec mon
     maître ; mais je ne savais pas que vous alliez à l’église pour vous marier.</q> » </p>
 <p>Et elle continua d’arroser son rôti. </p>
 <p>Quand je me tournai vers John, je vis qu’il ouvrait la bouche si grande qu’elle
   menaçait d’aller rejoindre ses oreilles. </p>
 <p> « <q>J’avais bien averti Marie que cela arriverait,</q> dit-il. <q>Je savais que M.
     Édouard</q> (John était un vieux serviteur et avait connu son maître alors qu’il
   était encore cadet de famille ; c’est pourquoi il l’appelait souvent par son nom de
   baptême), <q>je savais que M. Édouard le ferait, et j’étais persuadé qu’il
     n’attendrait pas longtemps ; je suis sûr qu’il a bien fait.</q> » </p>
 <p>En disant ces mots, John tira poliment ses cheveux de devant. </p>
 <p> « <q>Merci, John,</q> répondis-je. <q>Tenez, M. Rochester m’a dit de vous donner
     ceci, à vous et à Marie.</q> » Et je lui remis un billet de cinq livres. </p>
 <p> Sans plus attendre je quittai la cuisine. Quelque temps après, en repassant devant
   la porte, j’entendis les mots suivants : </p>
 <p> « <q>Elle lui conviendra mieux qu’une grande dame.</q> » Puis : « <q>Il <pb n="240"/> y en a de plus jolies, mais elle est bonne et n’a pas de défauts. Du reste, il
     est facile de voir qu’elle lui semble bien belle.</q> » </p>
 <p> J’écrivis immédiatement à Moor-House, pour annoncer ce que j’avais fait. Je donnai
   toutes les explications nécessaires dans ma lettre. Diana et Marie m’approuvèrent
   entièrement. Diana m’annonça qu’elle viendrait me voir après la lune de miel. </p>
 <p> « <q>Elle ferait mieux de ne pas attendre jusque-là, Jane,</q> me dit M. Rochester,
   lorsque je lui lus la lettre ; <q>car la lune de miel brillera sur toute notre vie, et
     ses rayons ne s’éteindront que sur votre tombe ou sur la mienne.</q> » </p>
 <p>...</p>
</div>

L’encodage ci-dessus a été construit sur un ensemble de choix et de priorités : nous avons ici considéré que le texte de Brontë en tant que tel était plus important que son édition. Nous avons ainsi supprimé le tiret de césure, sans pour autant l’avoir marqué (cf. par exemple « de de-vant » dans l’édition, « de devant » dans l’encodage). Encoder c’est donc toujours faire des choix. Un encodage explicite seulement les caractéristiques textuelles qui importent à l’encodeur. Et il est facile d’imaginer différentes manières d’étendre l’encodage d’un passage même aussi court. Par exemple :

L’encodage de la plupart de ces extensions est décrit dans la suite du document. Le schéma TEI dans sa totalité fournit également un large éventail d’autres possibilités. Nous en citerons uniquement quelques-unes :

Pour savoir comment procéder dans ces différents cas, mais aussi pour connaître beaucoup d’autres possibilités, on se reportera aux Recommandations.

Notes
1
La version originelle de ce tutoriel contient un exemple du roman Jane Eyre dans une édition anglaise du XIXème siecle ; nous présentons ce même passage retrouvé dans une traduction francaise de la même période. Pour la plupart des autres exemplaires, par contre, nous avons tenté de retrouver un texte d'origine française.

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